Notre histoire commence avec le jeune Frank Boon, qui sillonne la Belgique en quête de bières spéciales locales. Très vite, il s’éprend de la gueuze et des autres bières de type lambic originaires de sa région. En suivant l’exemple de René De Vits, l’un des derniers assembleurs de gueuze, il commence à assembler sa propre gueuze dans une petite cave à Hal. Son rêve ? Raviver cette riche tradition.
Là où René De Vits ne voit que peu d’avenir pour la gueuze, Frank Boon ancre sa grande passion pour ce style de bières locales. Frank travaille d’arrache-pied pour racheter l’entreprise de René. En 1975, il devient assembleur indépendant de gueuze: la Brasserie Boon est née.
La gueuze n’est pas brassée : elle est le résultat d’un assemblage de lambics d’âges différents. Le jour où Frank est parvenu à créer le mariage parfait entre les meilleurs lambics, une Gueuze à l’Ancienne très spéciale a vu le jour : la bien nommée Mariage Parfait.
Après le rachat fructueux de la gueuzerie de René De Vits, Frank Boon déplace ses activités à Hondzocht, un village près de Lembeek. Il n’a pas choisi cet emplacement par hasard : le mot « lambic » trouve ses origines à Lembeek. En quelques années, le stock de lambic est revenu à flot.
L’avenir de la gueuze n’est cependant pas encore garanti et de plus en plus de brasseries de lambic mettent la clé sous la porte. Frank Boon entame alors la construction de sa propre salle de brassage sur le nouveau site dans le centre de Lembeek.
C’est au cours de l’automne 1990 que le premier brassin voit le jour dans la nouvelle salle de brassage. Une salle bâtie à l’aide de matériel d’occasion récupéré dans d’anciennes brasseries, car le matériel neuf est hors de prix. Pour la première fois en plus de 40 ans, une nouvelle salle de brassage de lambic est construite. Ce genre d’évènements incroyables a valu à Frank Boon son surnom de « sauveur de la gueuze ».
La construction de la nouvelle salle de brassage est soutenue financièrement par Jan Toye en tant que projet culturel. Après avoir travaillé ensemble pendant 32 ans, il remettra sa part à la famille Boon en 2021.
La Gueuze à l’Ancienne et la Kriek à l’Ancienne de la Brasserie Boon reçoivent le label européen GTS (Guaranteed Traditional Speciality), une protection de l'Union Européenne. Ce n’est pas n’importe quelle gueuze ou kriek qui peut se vanter d’être « à l’ancienne » ! Pour prétendre à ce titre, la bière, en plus de sa grande qualité, doit toujours être fabriquée en suivant une recette traditionnelle et des méthodes authentiques, et connaître une refermentation en bouteille.
La capacité de stockage est augmentée pour répondre à la demande croissante. 19 grands foudres (grands fûts en chêne) d’une capacité de 6 500 à 8 000 litres sont placés dans un deuxième entrepôt de fûts. Les anciens tonneaux du premier entrepôt sont remplacés par d’autres foudres, en plus des 17 fûts qui s’y trouvaient déjà.
Avec la mise en service d’un troisième entrepôt de fûts, la Brasserie Boon compte désormais 130 foudres à son actif. Le plus grand fût a une capacité de 12 500 litres. On parle déjà, à ce moment-là, d’un stock de près d’un million de litres de lambic en fûts de chêne.
Voilà 40 ans que Frank Boon est actif en tant que brasseur de lambic, mais il n’est pas encore prêt à rendre son tablier en 2012. La relève est déjà toute trouvée : son fils aîné, Jos Boon, travaille désormais pour la brasserie. Jos a obtenu un diplôme en bio-ingénierie à la KULeuven, avec spécialisation en brasserie et malterie.
Les ventes de lambic dépassent à présent la capacité de brassage, il est donc urgent de construire une nouvelle salle de brassage. Cette nouvelle salle de brassage, dont la capacité a plus que triplé, ouvre ses portes en avril 2013. En étant entièrement automatisée, elle utilise 70 % d’énergie en moins et a été spécialement conçue pour brasser le lambic de manière traditionnelle.
L’Oude Geuze Boon VAT 44 Monoblend est lancée en l’honneur de l’ouverture de la nouvelle salle de brassage. Il s’agit du résultat d’un assemblage de 90 % de lambic du foudre N° 44 et de 10 % de lambic jeune. Cette Gueuze à l’Ancienne unique en son genre est la première d’une série complète de Monoblends, qui utilise chaque fois du lambic provenant d’un fût de chêne différent.
Un fût de chêne (« foudre ») destiné au vieillissement du lambic doit être révisé environ tous les 15 ans. Étant donné que cette opération nécessite un savoir-faire spécifique, la brasserie Boon a aménagé son propre atelier de tonnellerie. Un atelier unique en son genre en Belgique : Frank Boon, son fils Jos et une équipe qualifiée de tonneliers sont les seuls dans le pays en mesure d’entretenir les fûts de la brasserie dans les règles de l’art.
La Geuze Boon Black Label a été créée en l’honneur du 40e anniversaire de la Brasserie Boon. Cette Oude Geuze exclusive est une véritable œuvre d’art : une sélection spéciale de lambics au degré de fermentation le plus élevé confère à la Black Label une finale très sec. Les deux premières éditions sont des « Limited Edition » et « Second Edition », les autres ont reçu un numéro.
Le côté « entreprise familiale » de la Brasserie Boon s’accentue davantage lorsque Karel Boon, le fils de Frank et le frère de Jos, rejoint l’équipe à plein temps. Karel a étudié les Sciences économiques appliquées à la KULeuven et a déjà de l’expérience dans une autre brasserie. Son frère et lui ont grandi dans la brasserie, où ils mettaient souvent la main à la pâte. Pas étonnant donc que la passion soit née et qu’ils aient eu envie de reprendre les activités.
Le quatrième entrepôt de foudres, situé sur l’autre rive de la Senne, est mis en service. Il se compose d’une quarantaine d’énormes fûts, d’un diamètre de 4 mètres et d’une capacité d’environ 25 000 litres chacun. La Brasserie Boon dispose désormais de 161 fûts de chêne, ce qui équivaut à une capacité totale de 2,1 millions de litres destinés au stockage et à la maturation du lambic.
La Brasserie Boon entre dans la Belgian Family Brewers, une association qui promeut les brasseries familiales indépendantes qui ont marqué l’histoire en apportant une valeur ajoutée à l’identité et à l’authenticité des méthodes de brassage belges. Elle permet aux bières belges authentiques de se distinguer des autres bières.
Pour la première fois depuis 1989 à la brasserie Boon, une Kriek à l’Ancienne est fabriquée avec des cerises de Schaerbeek. Cette variété de cerises doit son nom au marché de Schaerbeek, où les brasseurs de lambic d’antan les achetaient. On limite la récolte annuelle pour que les cerises de Schaerbeek ne représentent qu’une fraction des 300 tonnes de cerises utilisées par la Brasserie Boon chaque année.
Le 1er janvier 2021, Frank Boon a pris sa retraite. Ses fils Jos et Karel ont pris la relève. En l'honneur de sa carrière de brasseur, qui a été inestimable pour la culture de la bière belge, la famille a créé une Oude Geuze spéciale, l'Apogee.
Frank reste impliqué dans l'œuvre de sa vie en restant à la disposition de Jos et Karel pour les conseiller afin de leur faire profiter de son expertise et de ses connaissances soigneusement accumulées.
Pour l'entretien des foudres, 10 troncs de chêne belge ont été achetés. Ces arbres sont vieux de 250 ans et ne sont abattus qu’à des fins durables. Grâce à eux, tous les fûts de la brasserie seront entretenus et pourront fêter leurs 200 ans, au moins ! La Brasserie Boon accorde énormément de sens au concept de « vision à long terme ».